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Protocole non propriétaire =? absence de contrôle =? attention à l’extrème-droite

Soit je suis parano, soit j’ai raison de peu apprécier le raccourci suivant : Protocole non propriétaire = absence de contrôle = attention à l’extrême-droite …

Résumé : le Vlaams Belang, parti politique d’extrême-droite flamand / belge, émet une émission sur les ondes AM, via le système DRM (Digital Radio Mondiale, une sorte d’équivalent au DAB ou RSN), à partir de l’étranger. Cette émission de 2 heures est apparemment “captable” (“écoutable”) en Belgique, avec le récepteur ad hoc. Le problème est que cette émission / radio / parti n’a pas d’autorisation pour émettre en Belgique.

Donc, je lis cela dans la presse. Jusque là, pas de problème. Mais l’article de La Libre Belgique (Le Vlaams Belang a sa radio. Illégale?) contient les paragraphes suivant :

Mais le DRM est un système numérique universel. C’est un système «non propriétaire» en ce sens qu’il n’a pas été développé par un industriel, mais grâce aux efforts conjugués des membres d’un consortium (BBC, Europe 1, RTL, RTRN Russie, Radio Vatican…).

Cette absence de contrôle permet donc au Belang d’émettre en toute liberté, au départ d’un émetteur apparemment situé à l’est de l’Europe, probablement en Russie.

Lisant cela sans a priori, je penserais qu’un système “non propriétaire”, non développé par un industriel (mais par plusieurs) donne une absence de contrôle, permet d’émettre tout et n’importe quoi, même les pires choses. Et en voici un exemple.

Poussons le bouchons un peu plus loin, en ces temps où la “sécurité” occulte bien souvent la liberté, et renversons la logique : il faudrait donc qu’il y ait un contrôle plus poussé des émissions (pour ne pas en arriver là) et donc, il faudrait plus de système “propriétaires” qui permettent ce contrôle.

Oui mais … C’est se tromper de cible ! Ce n’est pas parce que ces gens aux idées nauséabondes émettent en DRM que le DRM est mauvais. Ils auraient pu d’ailleurs émettre dans un autre système numérique ou même en analogique (radio pirate) que la technique n’aurait toujours rien à voir. D’ailleurs, si j’ai bien compris, sachant les poursuites dont ils sont passibles en Belgique, ils émettent depuis un autre pays et ils utilisent la technique adaptée pour cela (l’analogique ne permet apparemment pas une transmission sur de si longues distances).

Ensuite, il ne faut pas mettre sur le dos de la technique des problèmes de contrôle qui ne sont pas de son ressort. Le contrôle, il doit être effectué par l’Etat (dans ce cas-ci), quelque soit la technique employée, que la technique soit “non-propriétaire” ou “propriétaire”. Naviguant dans les logiciels libres et dans ses idées de liberté depuis quelques temps, il me semble que, justement, les techniques “non-propriétaires” permettent à toute personne d’utiliser la technique comme il l’entend, d’en connaître toutes les façettes et, le cas échéant, d’appliquer la loi. A mon humble avis, il serait toujours possible à une technique d’émission “propriétaire” d’inclure un dispositif permettant de contourner la loi ou d’en empêcher son application ; étant “propriétaire”, le contrôle de ce qui serait émis serait donc dans les mains d’une seule entreprise (ou groupe d’entreprises) qui, dans une logique économique pure, ferait jouer la loi du plus offrant (en petits sous-sous).

Ainsi, si le monde “non-propriétaire” doit effectuer beaucoup d’efforts pour montrer ses avantages de liberté, d’adaptabilité, de performance, …, il faudrait qu’il puisse combattre ce genre d’idée reçue.

P.S. : ce billet a été posté dans les journaux de LinuxFr